Le cancer de la prostate est le cancer masculin le plus fréquenté, avec plusieurs dizaines de milliers de nouveaux cas chaque année. En cas de tumeur localisée, le recours à la chirurgie (prostatectomie) n’est pas systématique. Récemment, des chercheurs ont conduit une étude pour évaluer l’effet de cette chirurgie sur le risque oncologique. Résultats.
Cancer de la prostate et prostatectomie totale
Dans les formes localisées du cancer de la prostate, le recours à la chirurgie n’est pas systématique. Faut-il pratiquer une prostatectomie totale pour limiter le risque oncologique ou est-il préférable d’attendre avec une surveillance médicale renforcée avant d’envisager la chirurgie ? Pour tenter de répondre à cette question, des chercheurs ont mené une revue systématique de littérature sur les études publiées jusqu’en février 2020.
Au total, ils ont analysé les données de quatre études randomisées et contrôlées, représentant un ensemble de 2 635 patients atteints d’un cancer localisé de la prostate, et âgés de 60 à 70 ans en moyenne. Parmi ces études :
- Trois ont comparé la prostatectomie totale avec une vigilance attentive (intervention en cas de survenue d’une anomalie) ;
- Une a comparé la prostatectomie totale avec une surveillance active (réalisation de tests médicaux réguliers).
La chirurgie agit positivement sur le risque oncologique…
L’analyse des données a mis en évidence que la prostatectomie totale était associée à une diminution significative de la mortalité toutes causes confondues et de la mortalité liée au cancer de la prostate. Par ailleurs, la prostatectomie totale pourrait réduire le risque de progression de la maladie cancéreuse et la survenue de métastases.
En revanche, les résultats indiquent que, même si la qualité de vie globale ne semblait pas influencer par le recours à la chirurgie, la prostatectomie totale pouvait augmenter fortement le risque d’incontinence urinaire. Ainsi, le risque semblait presque quatre fois plus élevé chez les patients ayant subi une intervention chirurgicale.
… Mais négativement sur les fonctions urinaires et sexuelles
Autre conséquence négative de la prostatectomie, ce type d’opération semblait associé à une hausse des troubles de l’érection, avec un risque de dysfonction érectile presque multiplié par 3. Les chercheurs concluent sur la base des données existantes que la prostatectomie totale est certes associée à un meilleur pronostic oncologique, mais qu’elle a des conséquences négatives sur les fonctions urinaires et sexuelles.
Les progrès des tests médicaux peuvent permettre d’envisager un meilleur suivi des patients qui n’ont pas recours à la chirurgie, mais le suivi de la surveillance reste alors un point crucial pour la prise en charge des patients atteints de cancer prostatique localisé. La surveillance peut en effet induire un faux sentiment de sécurité chez les patients. A l’inverse, le recours immédiat à la chirurgie peut impacter la qualité de vie. Le choix des options thérapeutiques, après information éclairée, doit donc se faire en totale concertation entre l’équipe médicale et le patient.
Estelle B., Docteur en Pharmacie
– Radical prostatectomy versus deferred treatment for localised prostate cancer. EUROPE PMC. Consulté le 4 septembre 2020.